L’art de la séduction chez les plantes à fleurs

par | 24 Jan 2022 | Actualités, Instant BAC SVT 2022

A la recherche des océans disparus

Quand on cueille une fleur pour l’offrir à l’être aimé, on est loin d’imaginer que l’on empêche la plante de se reproduire. Pourtant si ! Car chez les angiospermes (plus couramment les plantes à fleur), tout se joue là, au cœur de cette fleur. Ça semble si facile pour ces belles plantes… Pas besoin de chercher à plaire, à séduire, pas de déception amoureuse, ni besoin de passer par les réseaux sociaux pour trouver l’âme sœur. Mais si l’on regarde de plus près, la reproduction sexuée des plantes à fleurs n’est pas si simple que ça.

Que cache l’intérieur d’une fleur ?

Pour parler reproduction, nous avons besoin de quelques mots de vocabulaire, notamment ceux des organes reproducteurs d’une fleur. Entre les pétales, se trouvent différents organes qui peuvent varier en taille et forme selon les espèces :

  • Les étamines produisent des grains de pollen qui correspondent aux gamètes mâles.
  • A la base du pistil, se trouvent l’ovaire qui protège les gamètes femelles : les ovules.
  • Les pétales sont généralement très colorés. Leurs formes et couleurs servent à attirer une catégorie d’insecte, généralement utile à la plante.
  • Les sépales, protègent la fleur et donc les gamètes au stade de bourgeon. Ils sont verts et épais.

schéma fleur © France Agro 3

schéma fleur © France Agro 3

Existe-t-il plusieurs façons pour les plantes de se reproduire ?

Blé en fleur. Source : Istock – Crédits : Angela Allen

Oui ! Il y a deux possibilités pour une plante à fleur : l’autofécondation et la fécondation croisée. Commençons par l’autofécondation qui n’est possible que chez les fleurs hermaphrodites (qui possèdent les organes mâles et femelles dans une même fleur) ou chez les plantes qui portent à la fois des fleurs mâles et femelles (plante monoïque). L’autofécondation signifie que le pollen d’une fleur va féconder l’ovaire de cette même fleur. Il existe des exemples dont le fruit de cette autofécondation nous nourrit au quotidien… Le blé tendre ! Eh oui, le blé pratique l’autofécondation comme le lin, le pois ou le soja. Une particularité qui permet en agronomie de maintenir les qualités génétiques d’une variété dans la descendance (les grains) en étant sûr qu’il n’y aura pas de mélange génétique avec le blé de l’agriculteur voisin.

Cependant, la plupart des angiospermes, même s’ils sont hermaphrodites, pratiquent la fécondation croisée qui permet un brassage génétique plus important apportant de la diversité. L’autofécondation est alors bloquée naturellement. Lorsqu’un grain de pollen d’une fleur A arrive sur les stigmates du pistil d’une fleur B, un tube pollinique se forme au cœur de celui-ci. Il pénètre les tissus du pistil pour aller jusqu’à l’ovaire. Les gamètes mâles peuvent dès lors rencontrer les ovules : il y a alors fécondation.

pistil schéma © France Agro 3

Mais comment font les plantes à fleur, en étant immobile ?

Les angiospermes ont besoin pour leur reproduction sexuée que les grains de pollen aillent d’une fleur à une autre, d’une étamine au pistil d’une autre fleur. Pas facile sans pouvoir bouger… du coup elles ont besoin d’aide et d’une étape indispensable : la pollinisation.

Le déplacement du pollen peut se faire de plusieurs manières. Certaines fleurs se servent des insectes pour faire ce travail à leur place, c’est ce qu’on appelle les fleurs entomophiles (qui aiment les insectes). L’insecte comme une abeille, butine une fleur, se met du pollen plein les pattes et le dépose ainsi sur le pistil d’une autre fleur en continuant sa tournée de butinage. La fécondation croisée est ainsi assurée !

Source : Istock – Crédits : sanddebeautheil

Pour attirer le bon insecte, les fleurs doivent mettre les petits plats dans les grands. Elles savent utiliser leurs charmes discrets telles qu’une couleur de pétale attrayante, une odeur avec des phéromones envoûtants, ou bien la production d’un doux nectar qui saura attirer l’insecte et fera ensuite le tour de toutes les fleurs de la même espèce. Les fleurs s’adaptent ainsi à leur environnement (couleur, forme des pétales, odeur, nectar, forme des grains de pollen…) pour continuer à se reproduire dans les meilleures conditions. De plus, elles mettent en place des relations de mutualismes avec leur animal pollinisateur. Le nectar est une illustration assez simple. La fleur offre le couvert à l’insecte pendant que celui-ci offre son service de transport de pollen pour cette fleur immobile. D’autres fleurs sont dites anémophiles, (qui aiment le vent). Elles confient donc leur reproduction au dieu du vent qui saura emporter leur pollen vers d’autres pistils.

Et une fois la fécondation réussie, il se passe quoi ?

Une fois que la fécondation a eu lieu, l’ovaire va évoluer en un fruit avec une paroi plus ou moins charnue selon les espèces végétales. Les sépales, pétales et étamines vont faner et les ovules vont se transformer en graine. Et là encore, les angiospermes redoublent d’ingéniosité pour disperser leurs fruits et leurs graines. Cela permet à la plante de conquérir de nouveaux territoires, mais également de ne pas être en concurrence avec ses petits…

Chaque plante développe des fruits ou des graines adaptées à l’agent de dispersion. Par exemple, s’il s’agit du vent les graines sont alors légères et s’envolent facilement comme pour le pissenlit dont on a tous un jour souffler dessus ! Il y a aussi le fruit de l’érable qui possède des ailes et dont on joue en cours de récréation à lancer comme de petits hélicoptères. Si l’agent de dispersion est l’eau, alors les graines vont pouvoir flotter et être étanches à l’eau pour ne pas pourrir (comme la noix de coco). Encore une fois le mutualisme avec les animaux est de rigueur pour mieux se disperser. De nombreux angiospermes rendent leurs fruits appétissants pour un animal afin que celui-ci les consomme et libère beaucoup plus loin les graines dans ses excréments. Ou bien, les plantes à fleur produisent des fruits qui s’accrochent aux poils des animaux pour parcourir facilement des kilomètres. Dans les champs, les agriculteurs connaissent bien le gaillet-gratteron (une mauvaise herbe au passage) dont les fruits à picots collent aux vêtements quand on parcourt les champs.

La graine une fois disséminée et atterrie au sol aura tout ce qu’elle faut pour donner une nouvelle plante. En effet, la graine contient un embryon et des réserves organiques. Lors de la germination de la graine, ces réserves offrent de l’énergie nécessaire pour se développer… et l’histoire de la vie peut recommencer.

Marion Huré

Marion Huré

En partenariat avec Marion Huré, rédactrice et ingénieure en agriculture – qui marie les mots avec pédagogie et communication. Retrouvez Marion sur Linkedin et Instagram.

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