Mieux que le totem de Koh Lanta … Le Tandem : immunité innée & adaptative !

par | 15 Avr 2022 | Actualités, Instant BAC SVT 2022

connexions synaptiques

La vie est un combat quotidien ! Pendant que tu es tranquillement en train de lire ce texte, ton corps lui combat des agresseurs dits « agents pathogènes extérieurs ». Ce sont des sortes d’envahisseurs non autorisés à entrer et qui portent les doux noms de bactéries, de virus, champignons et autres individus non identifiés. Plus efficace que l’antivirus de ton ordinateur ou que le totem de Koh Lanta, le système de défense de ton organisme qui s’appelle l’immunité, possède plusieurs mécanismes. Pour refouler dès la porte d’entrée ces intrus, il utilise les deux programmes d’immunité innée et d’immunité adaptative. Voyons de plus près ces deux processus, qui au passage permettent notre survie dans ce monde…

C’est quoi l’immunité innée ?

L’immunité innée est présente dès la naissance sans que ton corps n’ait besoin d’entrainement ou de reconnaissance des agents pathogènes au préalable. C’est programmé génétiquement et cette immunité utilise des mécanismes qui ont été conservés au cours de l’évolution. Au moment de l’infection d’un tissu (peau via une blessure par exemple), la réponse immunitaire innée est la première ligne de défense. Elle agit seule, rapidement et selon 3 étapes.

« La détection »

Comme un réseau de sentinelles dans ton corps, certaines cellules vont détecter le danger. Rien que leurs noms peuvent déjà faire fuir l’ennemi : elles s’appellent les macrophages, les mastocytes et les cellules dendritiques ! Elles ont quelques choses en plus qui leur permet de reconnaître au loin un agresseur. Elles portent sur leurs membranes des récepteurs PRR (Pattern Recognition Receptor). Ce sont des récepteurs de l’immunité innée. Grâce à eux, elles peuvent détecter des molécules portées par les agents agresseurs appelés PAMP (Pathigen Associated Molecular Pattern). En gros, c’est comme si elle avait un lecteur de QR code et qu’en scannant celui des agresseurs (le PAMP), ça clignote alors en rouge sur leur lecteur.

« L’amplification »

Alerte générale, l’ennemi est là ! Il faut donc avertir au plus vite le corps et demander du renfort. Pour cela, nos sentinelles se mettent à sécréter des médiateurs chimiques qui vont envoyer des signaux forts responsable d’une réaction inflammatoire. Les médiateurs chimiques sont des interleukines comme l’histamine, les prostaglandines et les cytokines. (Et non, pour tous les fan de Star Wars, Anakin n’intervient pas pour la demande de renfort… ) Ces médiateurs chimiques sont produits en grande quantité et voilà pourquoi à l’endroit d’une infection ou d’une blessure, c’est rouge, douloureux et chaud.

  • C’est rouge parce qu’il y a une dilatation des vaisseaux sanguins grâce à l’histamine et aux cytokines qui favorisent le flux de sang et donc le transport rapide de renfort pour éliminer les agresseurs. Les renforts sont notamment les cellules phagocytaires qui vont alors franchir la paroi des vaisseaux sanguins (qui sont alors plus perméables) pour aller directement à l’endroit du combat.
  • C’est douloureux (par les prostaglandines) pour alerter le corps qu’il y a un problème.
  • Enfin c’est chaud, car l’augmentation de la température améliore le fonctionnement des cellules de l’immunité et peut ralentir le développement des agents pathogènes.

« L’élimination »

Maintenant que nos cellules sentinelles ont appelé les phagocytes en renfort, il va falloir aller au combat. Les phagocytes vont réaliser ce qu’on appelle la phagocytose : en résumé avaler et détruire l’agent agresseur… Les phagocytes réalisant cette élimination sont les macrophages, les granulocytes et les cellules dendritiques (vous remarquerez que certaines cellules sentinelles de l’immunité sont aussi des phagocytes). Nos phagocytes rentrent ensuite en en action via quatre étapes : adhésion, ingestion, digestion, rejet. D’abord ils se collent à la membrane du pathogène, puis ils l’entourent d’une vacuole pour mieux l’ingérer par endocytose, puis des enzymes lytiques vont digérer le pathogène et enfin les déchets du pathogène vont être rejeter à l’extérieur de la cellule. Y a plus qu’à attendre les éboueurs en quelques sortes… Et le match est fini, immunité innée 1 : pathogène 0.

© France Agro 3

schéma immunité – infection © France Agro 3

Est-ce que l’immunité innée est 100% efficace ?

Non, elle est rapide et avec un large spectre d’action. Mais parfois ça ne suffit pas, la phagocytose n’est pas une arme assez forte. L’immunité innée en s’actionnant via la réponse inflammatoire va préparer le terrain pour une deuxième ligne de défense : l’immunité adaptative.

Comment fonctionne l’immunité adaptative ?

L’immunité adaptative n’existe que chez les vertébrés. Elle intervient en plus de l’immunité innée et fait intervenir de nouvelles cellules de l’organisme : les lymphocytes B et les lymphocytes T. Les lymphocytes sont des cellules fabriquées dans la moelle osseuse qui maturent et deviennent actifs soit dans la moelle (pour les B) soit dans le thymus (pour les T) avant de rejoindre la circulation sanguine. Cette immunité a une action plus spécifique, et vise des agents agresseurs qui laissent des empruntes : les antigènes. Les lymphocytes reconnaissent de façon spécifique les antigènes circulant dans le corps. Du coup, c’est une défense qui garde la mémoire d’une ancienne bataille !

Lymphocytes B et T, qui sont-ils exactement ?

Les B, ce sont les globules blancs qui circulent dans le sang et la lymphe. Ils ont la particularité de posséder à la surface de leurs membranes des récepteurs qui sont des anticorps… des sortes d’antenne en forme de Y pour reconnaitre des antigènes bien spécifique. En effet toutes les cellules qui n’appartiennent pas à notre corps possèdes des marqueurs à leur surface qui permettent au système immunitaire de les repérer : ce sont les fameux antigènes. Du coup, les lymphocytes B reconnaissent tout ce qui n’est pas à nous : le « non soi » qui tente de s’introduire dans notre organisme.

Les lymphocytes T, eux ont également des récepteurs mais qui reconnaissent le « soi-modifié ».

Les lymphocytes sont nombreux et très diversifiés afin de lutter contre la très grande diversité des antigènes (venant des agresseurs). Ils sont stockés dans les ganglions lymphatiques, la rate ou dans le sang. Leur rôle principal est de se multiplier et de produire des anticorps (les fameux Y) pour se défendre. Certains lymphocytes activés par un antigène d’un ennemi deviennent des cellule « mémoire » qui restent sensibilisés à cet antigène. C’est ce qui permet à la vaccination d’être efficace ! Le corps se souvient qu’il faut fabriquer des anticorps lorsqu’on nous injecte un vaccin rempli d’antigène du virus…Au cas où celui-ci arriverait pour de vrai dans notre corps, celui-ci a déjà toute une armée d’anticorps prêt à l’attaquer. Sans l’immunité adaptative, les vaccins n’existeraient pas.

Comment agissent les lymphocytes ?

Lors de la réponse immédiate de l’immunité innée (par phagocytose), la réaction inflammatoire va laisser des marqueurs et préparer ainsi le terrain pour une réponse immunitaire adaptative. Ces marqueurs vont déclencher la production de lymphocytes, permettant de venir à bout de l’infection. Après reconnaissance par les lymphocytes des antigènes « ennemis », ils se multiplient, libèrent une grande quantité d’anticorps. Les anticorps viennent se fixer sur les antigènes de l’agent infectieux (bactérie, virus…) les agglutinant. Cet amas que l’on nomme « complexe immun » peut alors être « digérés » par les phagocytes. Fin de l’histoire : immunité adaptative 1 / pathogène 0.

© France Agro 3

Marion Huré

Marion Huré

En partenariat avec Marion Huré, rédactrice et ingénieure en agriculture – qui marie les mots avec pédagogie et humour. Retrouvez Marion sur Linkedin et Instagram.

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