3,2,1 « ACTION »
Face au changement climatique, l’action est l’enjeu primordial. Que ce soit individuel ou collectif, local ou international, il n’y a pas de petites actions. Afin de limiter le réchauffement à +1,5°C, la communauté scientifique propose de nombreuses solutions. Entre les stratégies d’atténuation et celles d’adaptation, il n’y a pas vraiment de choix à faire. Mais à quoi correspondent-elles ?
Stratégies d’atténuation… mais pour atténuer quoi ?
Rappelons-le, le problème à la base est bien un trop plein de dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et protoxyde d’azote (N20) dans l’air, des gaz augmentant l’effet de serre. Dans ce que l’on nomme les « stratégies d’atténuation » se retrouvent toutes les démarches qui visent à diminuer les émissions de ces gaz ou bien à diminuer leur teneur dans l’atmosphère (les capter en quelque sorte).
Alors on fait quoi pour atténuer l’effet de serre ?
Eh bien déjà, on peut commencer par émettre moins de gaz à effet de serre… Facile à dire surtout quand cela touche un secteur dont on est très dépendant : les énergies. La combustion des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) est fortement émettrice de carbone. Mais de nombreuses solutions d’énergies alternatives existent et se développent à grande échelle. On peut citer l’utilisation de l’énergie solaire avec les panneaux photovoltaïque, la géothermie utilisant la chaleur naturelle du sous-sol, l’énergie hydraulique convertissant la puissance de l’eau en électricité, les biocarburants que l’on retrouve dans l’E85 à la pompe à essence issus de matières renouvelables (à base d’amidon) ou bien encore l’utilisation de la biomasse comme dans les unités de méthanisation où l’on produit du gaz naturel et de l’électricité à partir du méthane issu de la fermentation des matières organiques. Pour une fois que le fumier peut valoir de l’or !
Taxer pour moins émettre, ça marche ?
Ça c’est la solution à l’échelle industrielle. De nombreux pays ont mis en place la taxe carbone pour les entreprises. Il s’agit d’une pénalité financière sur les émissions de CO2, pour inciter les entreprises et les industries notamment à diminuer leurs rejets. Moins ils rejettent et moins ils payent. Comme l’argent est généralement le nerf de la guerre, ça incite beaucoup les industriels à faire des efforts.
Et si on captait le CO2 pour atténuer plus vite ?
Ça c’est une riche idée, la meilleure qu’il soit d’ailleurs. Mais elle n’est pas nouvelle puisque depuis la nuit des temps le carbone de l’air est capté et transformé par… les végétaux.
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C’est la stratégie la plus efficace, la plus durable et peut être la plus simple à mettre en œuvre. Le reboisement massif de notre environnement est dans tous les projets. Il s’agit soit de la reforestation d’ancienne surfaces occupées par des forêts, soit de la mise en place d’une gestion durable des forêts existantes (on coupe et on replante). En agriculture, on soutient les projets d’agroforesterie qui mêlent grandes cultures entre des rangées d’arbres. En France, la couverture végétale des sols est maintenant obligatoire durant l’automne/hiver. Cela correspond à semer des espèces végétales entre deux cultures principales (non récoltées pour l’alimentation). Elles protègent le sol de l’érosion à la place d’un sol nu et elles en profitent pour capter du carbone. A ce propos, saviez-vous que 1 hectare de blé capte 4 à 8 fois plus de CO2 qu’il n’en émet pour sa culture ? Forêts et champs sont donc de puissants capteurs de carbone. Il faut aussi prendre en compte la fonction puits de carbone des sols, qui stockent durablement le carbone sous forme de matières organiques (notamment l’humus, qui donne cette couleur noire à la terre). Il faut donc protéger les terres agricoles et forestières au détriment d’un nouveau parking ou centre commercial…qui eux ne capte rien du tout.
La stratégie d’adaptation, pourquoi faire ?
L’adaptation est inévitable. Car dans l’hypothèse que les stratégies d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre soient efficaces, il faudra plusieurs siècles pour que le réchauffement climatique s’atténue réellement. Les gaz ont un temps de résidence assez long dans l’atmosphère (100 ans pour le CO2) et des boucles de rétroaction sont aussi à prendre en compte. On n’a pas le choix, il faut donc en parallèle s’adapter.
Au Pays-Bas, le gouvernement a décidé d’investir pour lutter contre la montée des eaux et l’inondation. La construction de barrages a débuté dans les années 60 et se poursuit actuellement. La construction de digues touche de nombreuses zones côtières en France et dans le reste du monde. La Camargue est entre autres un territoire menacé par la montée des eaux.
En agriculture, l’adaptation est le maître mot. Pour les agriculteurs, l’adaptation à la nature fait partie de leur métier, au climat de leur territoire, au sol… Mais pour eux, l’essentiel est de prendre de l’avance et de semer dès aujourd’hui les cultures qui sont les plus adaptées et les plus résistantes naturellement. La recherche agronomique avance également en parallèle pour proposer des solutions dans les variétés et les espèces mais aussi dans les techniques agricoles face aux développements des ravageurs ou de maladies.
En ville, on voit naitre de multiples projets d’aménagements urbains afin de limiter l’effet « ilot de chaleur » des grandes villes. Des zones végétalisées se développent en plein centre-ville pour rafraichir naturellement. Les murs et les toitures se végétalisent pour la même raison. L’architecture des bâtiments est repensée pour favoriser de faibles déperditions de chaleur l’hiver ou les accumulations de chaleur l’été.
Et moi, tout seul, je fais quoi ?
Consommer et se déplacer autrement par exemple ! Il y a tout un monde à réinventer pour modifier son mode de vie. Cela peut sembler être une petite goutte dans l’océan mais à raison de plus de 7 milliards de petites gouttes, l’effet positif se fait ressentir. Alors vive la marche à pied, le vélo ou les transports en commun pour les petits trajets. Préférez le train à l’avion. Pensez à réparer, réutiliser et recycler plutôt que de jeter pour préserver les ressources et les matières premières. Diminuer le chauffage de son logement d’1°C et la température de l’eau pour laver le linge… Autant de gestes simples qui deviennent des gestes du quotidien pour notre génération et celles à venir. On a tous un rôle majeur en tant que citoyen et habitant de cette planète. Alors action !
En partenariat avec Marion Huré, rédactrice et ingénieure en agriculture – qui marie les mots avec pédagogie et communication. Retrouvez Marion sur Linkedin et Instagram.