Ça me stresse mais c’est normal

par | 9 Fév 2022 | Actualités, Instant BAC SVT 2022

© France Agro 3

Le stress, tout le monde connait cet état. On peut être stressé avant un examen, avant un rendez-vous, ou à la suite d’un accident ou d’une mauvaise nouvelle. Tout notre organisme répond par un stress aigu et c’est normal. Il réagit face à ce qu’on appelle : un agent stresseur. Le stress n’a pas la cote dans notre société actuelle, mais saviez-vous qu’il est pourtant un mécanisme d’adaptation ? Il nous permet en effet de nous adapter face à une situation d’urgence, il est même essentiel à notre survie. Pour nos ancêtres, le stress permettait de fuir face à une bête sauvage ou d’échapper à un danger. Le stress permet à notre corps et notre cerveau d’adopter le comportement adéquat (se cacher, résister, agir, fuir, réfléchir vite…). Tout notre corps est alors chamboulé et les performances sont décuplées. Aujourd’hui, ce ne sont plus les bêtes sauvages qui stimulent notre réaction mais des situations de la vie de tous les jours (compétition, bruit, menace…). Et après cette mobilisation puissante de nos fonctions, nous retrouvons progressivement notre état initial, en toute tranquillité. Et oui, car le but n’est pas d’être en stress continu ! Ouvrez donc bien grands vos chakras, et vous comprendrez ce qui se passe en nous quand nous sommes stressés.

 

Pourquoi j’ai le cœur qui bat vite quand je suis stressé ?

En état de stress aigu, on a le cœur qui bat à fond et généralement on respire beaucoup plus vite. Ce sont les deux premières réactions de notre corps : augmentation des fréquences cardiaques et respiratoires. La principale cause à ces changements physiologiques est une libération d’adrénaline. C’est une hormone qui active le cœur et provoque une dilatation des bronches. Elle entraine également une libération de glucose dans le sang (à partir des réserves de glycogène présentes dans le foie). Les sportifs connaissent bien cette hormone puisqu’ils recherchent ses effets pour préparer leur organisme à un effort intense. Avec l’adrénaline, les muscles sont plus oxygénés et ont de l’énergie à disposition (glucose) : tout le corps est donc prêt à l’action. L’adrénaline active également la dilatation de la pupille et l’apparition de la chair de poule. Ce sont des réactions primitives ! C’est un peu comme le chat qui voit sa proie : son œil s’aiguise et son poil se dresse. Il est prêt à bondir. L’effet de l’adrénaline est donc puissant, rapide et immédiat… mais malheureusement il ne dure qu’un temps.

 

Mais d’où vient le signal pour la décharge d’adrénaline ?

C’est le cerveau qui est le donneur d’ordre. Le cortex préfrontal est comme un sonar qui analyse en permanence les retours de nos 5 sens. C’est donc de là que provient le signal suite au stimulus de l’agent stresseur. Ensuite, c’est tout le système limbique qui s’active. Plus simplement, notre cerveau interprète ce stimulus au niveau de la zone des émotions (amygdale) mais aussi de l’hippocampe et de l’hypothalamus, produisant un message nerveux. Ce message nerveux est destiné aux glandes médullosurrénales situées sur nos reins. Du cerveau aux reins, il n’y a qu’un pas, ou presque. Et en un éclair, le message nerveux ordonne aux surrénales de produire de l’adrénaline.

Mécanismes du stress © France Agro 3

Mécanismes du stress © France Agro 3

Est-ce qu’il n’y a que l’adrénaline qui rentre en jeu ?

Eh non, car son effet n’est que temporaire. Quelques secondes après la décharge d’adrénaline, une deuxième hormone prend le relais et son action aura des effets beaucoup plus durables. Il s’agit du cortisol. Encore une fois, c’est le cerveau qui déclenche le signal mais cette fois-ci il ne sera pas nerveux mais hormonal.  Pour cela, c’est le complexe hypothalamo-hypophysaire qui s’active. L’hypothalamus déclenche la production de la CRH (une hormone… de l’anglais Corticoptropin Releasing Hormone) qui à son tour stimule la sécrétion d’ACTH par l’hypophyse (encore une hormone… Adreno CorticoTrophine) qui passe alors dans la circulation sanguine. Une fois détectée par les glandes corticosurrénales (toujours les mêmes décidemment, toujours situées sur nos reins…), celles-ci vont libérer une grande quantité de cortisol dans le sang. Et vous savez quoi ? Le cortisol, c’est aussi une hormone ! Donc si vous avez bien suivi, c’est à la fois le système nerveux et le système hormonal qui agissent sur les organes pour faire face à un stress.

A quoi sert la décharge de cortisol du coup ?

Le cortisol va avoir deux fonctions principales. La première est d’accentuer la libération de glucose dans le sang. Il active le métabolisme des glucides, des lipides et des protides pour augmenter la glycémie et fournir de l’énergie immédiatement disponible à nos organes. On comprend mieux pourquoi après un gros coup de stress, on peut se sentir un peu lasse, sans énergie. Normal, on a vidé toutes nos réserves d’un coup. La deuxième fonction du cortisol est de diminuer notre réponse immunitaire et inflammatoire. C’est pour cela que cette hormone est utilisée en tant que puissant anti-inflammatoire pour certaines pathologies (sous la forme cortisone). Mais attention, le cortisol a aussi pour effet de réduire la formation osseuse, le temps de cicatrisation et les réponses immunitaires… Pour résumer, grâce à l’adrénaline puis au cortisol, toute notre énergie est mobilisée pour performer !

Mais alors comment le stress disparait il ?

C’est le cortisol qui va avoir un troisième effet, celui de rétrocontrôle négatif. En d’autres termes, le cortisol va également se fixer sur les récepteurs de l’hypothalamus et de l’hypophyse et grâce à lui, la production de CRH et ACTH va progressivement diminuer… C’est comme une boucle de régulation, un moyen interne pour notre corps de retrouver un état d’équilibre, semblable à celui d’avant le stress. Ce mécanisme de retour à l’équilibre, c’est la résilience. En effet, le stress aigu ne doit pas s’installer durablement dans notre corps. Quand le stress devient chronique, il perturbe l’organisme qui ne retrouve pas un état de repos. Le mode « alerte général » est activé en permanence, les hormones sont sécrétées et le corps s’épuise, le rendant sensible à l’apparition de certains troubles (maladies cardiaques, hypertension, baisse de l’immunité…) On peut très bien avoir eu une journée stressante avec des examens et savoir se détendre en rentrant grâce au sport, à la musique, aux amis, à la relaxation, à la respiration… Dans ce cas, tout va bien. En connaissant votre corps et ses réactions, vous saurez mieux faire du stress un allier pour être au top !

Marion Huré

Marion Huré

En partenariat avec Marion Huré, rédactrice et ingénieure en agriculture – qui marie les mots avec pédagogie et communication. Retrouvez Marion sur Linkedin et Instagram.

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