Améliorer les systèmes d’élevage : pas si simple, mais pas impossible !
A l’heure des débats scientifiques sur la conscience animale ou sur le statut juridique des êtres vivants discuté au Parlement, le grand public est de plus en plus sensible et préoccupé par les enjeux de la condition animale. Ils veulent comprendre : voir où une vache passe l’hiver, comment naissent les porcelets, ce que mangent les poules ou encore dans quelles conditions les animaux sont transportés.
« Le bien-être d’un animal est l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal (ANSES, 2018) »
Il convient tout d’abord de respecter les 5 règles essentielles qui font aujourd’hui référence, notamment au sein de l’OIE (Organisation mondiale de la santé animale) :
- L’animal est nourri correctement : il dispose d’un libre accès à l’eau fraiche et à une alimentation adaptée à ses besoins
- Il ne souffre pas de blessures ou de maladies : il est diagnostiqué et soigné rapidement
- Il ne pas souffre pas d’inconfort : il bénéficie d’un environnement approprié, il a accès à un abri par exemple
- Il ne souffre pas de détresse ou de peur : grâce à des conditions de vie, de transport et d’abatage qui limite un maximum le stress de l’animal
- Il peut exprimer son comportement naturel : il a accès à un espace minimum, des sollicitations et des congénères.
Le monde agricole souhaite répondre aux attentes de la société. Il ne semble plus suffisant de limiter les sources de stress et de douleurs pour les animaux, il faut également favoriser des pratiques positives afin de proposer à l’animal des conditions de vie stimulantes. Des aménagements à moindre coût sont déjà souvent mis en place : la présence de brosses et de plateformes qui changent l’environnement des animaux. La mise à disposition de matériaux manipulables d’origine alimentaire ou non stimulent les comportements d’exploration ou de jeu. Enfin, faire vivre ensemble des congénères entre eux stimulent leur développement, particulièrement entre les adultes et les petits. Cette évolution nécessite d’accroître la connaissance scientifique, c’est pourquoi France Agro³ travaille sur le bien-être animal.
Il est important de pouvoir interpréter les signes qui permettent de distinguer souffrance ou bien être chez l’animal. C’est dans ce contexte que France Agro³ apporte ses connaissances et son savoir-faire pour évaluer le comportement d’un animal et l’impact des aménagements du milieu d’élevage et de l’environnement social sur son bien-être. Chaque espèce exprime ses comportements propres. Seule une connaissance approfondie de ces comportements permet d’émettre un jugement objectif.
Cependant, le débat demeure ouvert sur le niveau d’exigence lors de l’évaluation des pratiques. Les aspirations et les façons de faire sont différentes d’un élevage à l’autre. Ce qui est convenable dans un cas ne sera pas considéré comme suffisant dans un autre. La question n’est pas encore tranchée : un animal doit-il être vraiment dans un état de bien-être ou bien vivre simplement dans des conditions décentes ? Actuellement, la réglementation en vigueur contraint à respecter des normes minimales en matière de protection animale.
De même, il est impossible de faire des recommandations uniformément pour tous les élevages. Le risque n’est pas le même en fonction des situations. Dans le cas de l’élevage en plein air, il y a plus de risque d’exposition aux maladies. Les canards élevés en plein air sont plus souvent exposés aux maladies via les oiseaux sauvages en contact avec eux dans les champs. Même chose pour les porcs qui peuvent entrer en contact avec des sangliers. À l’inverse, un élevage confiné protège des contaminations, mais offre un environnement a priori moins riche, car les sollicitations sont moins nombreuses.
Alors qu’il est désormais établi scientifiquement que les animaux éprouvent des émotions à l’instar des nôtres, le grand public se refuse de plus en plus à faire l’impasse sur les considérations éthiques Mais c’est également un moyen d’améliorer les conditions de travail des éleveurs et du personnel dans les abattoirs. En effet, un animal stressé est difficile à manipuler et peut avoir des réactions imprévisibles. Enfin, les conditions d’abatage de l’animal influent sur la qualité de la viande (goût et texture). Par exemple, le stress induit chez l’animal des réactions physiologiques qui perdurent après la mort (acidification après la mort).
Ainsi, les axes de progression sont encore nombreux. L’évaluation du bien-être des animaux nécessite une bonne connaissance non seulement de la biologie des espèces, mais aussi des méthodes adaptées à leur système d’élevage. Le développement de ces connaissances fournira une base solide pour l’analyse du risque d’atteinte au bien-être des animaux.