Comment ? Mon cerveau est plastique ?
Le cerveau est puissant, très puissant… Malheureusement nous n’utilisons pas toutes ses capacités et nous n’avons pas non plus le super pouvoir de l’Axolotl. Vous savez cet amphibien capable de reconstruire une partie de son cerveau en cas de problème ou de faire repousser une patte coupée ! Non, quand notre cerveau est atteint, il n’a qu’une solution : s’adapter. C’est ce qu’on appelle la plasticité cérébrale. Il n’y a donc point de plastique dans notre cerveau. Mais c’est une façon de dire que dans notre boîte crânienne, ça peut bouger et se réorganiser.
Ça veut dire quoi exactement la plasticité cérébrale ?
Ça signifie, que comme la pâte à modeler, notre cerveau se réorganise au grès de la vie, du vécu et des expériences. L’ensemble des neurones, qui forment un véritable réseau dans notre cerveau, sont capable de modifier leurs connexions. Parfois, ça bug, un peu comme quand on ne rebranche pas le fil de la box internet sur la bonne prise. Mais la plasticité cérébrale c’est aussi ce qui nous permet d’apprendre de nouvelles choses, une nouvelle langue et de modifier notre cerveau au fil de la vie. Sans plasticité un enfant ne développerait pas la parole par exemple. Babiller à l’âge adulte pour commander un café, vous imaginez le scénario ! C’est grâce au développement des neurosciences et de l’imagerie cérébrale (type IRM) que des découvertes étonnantes ont été faites sur l’adaptation du cerveau. Le cerveau évolue tout au long de la vie, il n’est donc jamais trop tard pour apprendre quelque chose de nouveau !
Comment les neurones se réorganisent-ils ?
Le neurone, pour rappel, est une fibre nerveuse qui conduit un message d’un bout à l’autre, c’est-à-dire d’une connexion synaptique à une autre. Au niveau de la synapse, des neurotransmetteurs sont libérés en une certaine quantité selon l’intensité du message. Ils se fixent au neurone voisin et le message continue ainsi son chemin. Pour comprendre la plasticité de notre cerveau, il faut comprendre que le neurone à la capacité d’arrêter une connexion synaptique, de la renforcer voire d’en créer une nouvelle ! On aurait donc un peu du super pouvoir de l’Axolotl ? Chaque neurone établit environ 10 000 connexions synaptiques avec d’autres neurones et lors d’un apprentissage de nouvelles synapses se créent modifiant alors le réseau des neurones : c’est la plasticité cérébrale. Même que dans le cerveau, les aires spécialisées pour la parole ou la motricité peuvent assurer d’autres fonctions grâce à la réorganisation des connexions synaptiques… Voyons ça de plus près, dans le cas d’un accident.
En cas d’accident cérébrale, que se passe-t-il alors ?
Après un accident vasculaire cérébrale (AVC), le cerveau est lésé. L’obstruction ou la rupture d’un vaisseau sanguin dans le cerveau a privé les neurones d’oxygène qui sont morts rapidement… Grâce à la plasticité cérébrale, d’autres aires du cerveau peuvent prendre le relais pour faire fonctionner à minima une faculté abimée voire même perdue (la motricité, le langage…) Mais pour cela il faut beaucoup, beaucoup de rééducation ! Grâce à la répétition d’un même exercice et au conditionnement pour réaliser une action ou un mouvement, une restauration des fonctions perdues peut se construire dans une aire voisine grâce à la réorganisation des neurones. Les neurones qui se trouvent à proximité peuvent reprendre peu à peu les rôles de ceux qui sont morts. C’est un peu comme dans une forêt, si l’on commence à tous marcher entre les arbres, alors un chemin va se créer progressivement. Ici, c’est pareil, la répétition et l’apprentissage va créer un nouveau chemin de communication neuronale. La récupération se joue donc sur des neurones qui sont affectés à une nouvelle fonction dans une aire du cerveau non atteinte, généralement celle la plus proche. Cependant, cela reste partiel et dépend beaucoup de l’ampleur de l’accident et de l’âge de la personne touchée. Plus on est jeune et plus c’est rapide. C’est souvent comme ça d’ailleurs ! C’est ainsi que l’on peut voire une personne hémiplégique suite à un AVC (avec une paralysie des membres d’un seul côté du corps), se remettre à bouger la main ou la jambe au fil des mois de rééducation.
Est-ce que d’autres choses peuvent modifier les connexions neuronales ?
Le cerveau, vous l’avez compris est une forteresse qui protège nos savoirs, nos compétences nos émotions… mais il n’est pas inébranlable. L’âge, le vieillissement, le stress, l’apprentissage, la rééducation viennent modifier son fonctionnement de manière temporel ou sur du long terme. Mais pas que, certaines substances exogènes comme l’alcool ou la drogue, ont une action sur le cerveau. Et non pas des moindres.
Comment une drogue agit-elle sur les neurones ?
La vraie question est : pourquoi devient-on addict au cannabis par exemple sans vraiment le vouloir… C’est en parti une question de dopamine, vous savez cette molécule de la satisfaction et de la récompense ! La dopamine est un neurotransmetteur, une substance chimique sécrétée naturellement par le corps et qui permet la communication nerveuse entre deux synapses. On sait aujourd’hui, grâce aux neurosciences qu’elle est au cœur du système de la récompense dans notre cerveau. Et qui dit récompense, dit motivation et dit envie de recommencer, non ? Et bien voilà comment agit l’alcool ou la drogue, dans la naissance d’une addiction ou cette furieuse envie de renouveler un comportement que l’on sait pourtant néfaste pour son corps.
Ces substances exogènes vont venir modifier l’action des récepteurs de la dopamine sur les synapses. En temps normal, la production de dopamine est inhibée. Mais lors de la consommation de cannabis, la molécule de cannabinoïde (comme le THC) se fixe sur les récepteurs, lève cette inhibition, active la libération de dopamine et donc tout le circuit nerveux de la récompense. Cela génère automatique une sensation de plaisir et l’envie de réessayer. Evidemment dans les addictions, il n’y a pas que le côté chimique qui joue un rôle. L’environnement social et le manque de soutien est prépondérant, la personne cherchant à combler le manque de dopamine autrement… Heureusement nous avons aussi en nous des moyens naturels pour augmenter sa dopamine et entrainer son cerveau loin des addictions artificielles : le sport, la musique, le sommeil, l’alimentation, la méditation et surtout tout ce qui nous rend heureux quand on le fait ! Dopez-vous à la vie j’aurais envie de vous dire et n’oubliez pas que l’on peut apprendre à tout âge, grâce à la plasticité cérébrale.
En partenariat avec Marion Huré, rédactrice et ingénieure en agriculture – qui marie les mots avec pédagogie et humour. Retrouvez Marion sur Linkedin et Instagram.