L’Homme, la biodiversité et le réchauffement climatique

par | 5 Jan 2022 | Actualités, Instant BAC SVT 2022

photosynthèse

Le réchauffement climatique, c’est une réalité. Tu as entendu parler de l’augmentation des températures, des évènements extrêmes comme les inondations ou bien encore l’augmentation du niveau de la mer… Des choses que l’on mesure et que l’on voit. On parle aussi du risque pour la biodiversité. Mais qu’en est-il de nous ? Nous faisons partie de cette planète et de sa biodiversité. Alors si l’ours blanc est en danger, il est fort probable que l’Homme le soit aussi.

 

Pourquoi les populations diminuent-elles si rapidement ?

Le changement du climat impact TOUS les êtres vivants, du plus petit phytoplancton au plus grand des prédateurs. La biodiversité est déjà mise à mal par la destruction des habitats, la dispersion de polluants, dont nous sommes massivement responsables…  Mais le réchauffement climatique vient bouleverser les écosystèmes et accentue l’effondrement de la biodiversité animale et végétale.

Que ce soit dans les océans ou sur les continents, la hausse des températures modifie de nombreux paramètres qui influencent le fonctionnement des êtres vivants. La reproduction peut être réduite ou décalée dans le temps, ce qui modifie le reste de la chaîne alimentaire. Un exemple, celui des mésanges qui aujourd’hui cherchent désespérément de la nourriture pour leurs oisillons car les chenilles dont elles raffolaient ne sont plus disponibles en même temps que l’éclosion de leurs petits. La température influe également les capacités des êtres vivants à se développer, à bien grandir. Tout cela provoque une baisse très rapide des populations.

Dans l’océan, l’augmentation de la température de l’eau engendre un stress au niveau des coraux qui blanchissent et meurent. Or, sans ni paraître, les coraux abritent une très grande biodiversité. Leur mort pourrait être à l’origine de la disparition de nombreuses autres espèces. Et dans l’aventure de la vie, tout est lié par la chaîne alimentaire. Donc, il n’y a pas de « petite » disparition, tout est à considérer car nous sommes connectés à cette chaîne de vie et pas seulement par Bluetooth. L’Homme se nourrie aussi de poisson, ne l’oublions pas…

Et changer de territoire, n’est-ce pas une solution ?

Avec les modifications des températures, de nombreuses espèces se mettent à migrer, à changer de territoire pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs. En le faisant, elles deviennent alors des espèces invasives et concurrentes de celles déjà en place. C’est un peu l’histoire de la part de tarte ! Tu sais, celle que tu as gardé précieusement pour ton goûter. Malheureusement, tes potes débarquent chez toi, ils ont faim et ta part de tarte… et bien il faut la partager. On peut sourire de cet exemple mais au niveau des écosystèmes, chaque maillon de la chaîne alimentaire se retrouve en compétition pour la nourriture, pour l’eau mais aussi pour des habitats. Et nos ours polaires, ils aimeraient bien eux aussi migrer plus au Nord, mais c’est impossible ! Certaines espèces profitent donc du réchauffement climatique mais ce phénomène est tellement rapide à l’échelle de la vie, que la grande majorité des espèces n’ont pas le temps de migrer ou d’évoluer pour mieux s’adapter. Au final, l’espèce s’éteint progressivement.

Au niveau de la biodiversité, c’est tout un rouage qui se grippe. La mortalité directe d’espèces, la disparition d’habitats, l’apparition d’espèces invasives et toute la perturbation de la chaine alimentaire et de la reproduction modifie considérablement la répartition des êtres vivants sur notre planète.

Il y a des impacts sur la santé de l’Homme ?

Eh oui… pendant l’été de nombreuses personnes souffrent des chaleurs accablantes : les fameuses canicules. D’un événement exceptionnel, ces vagues de chaud deviennent régulières mettant en péril les populations les plus fragiles.  Hyperthermie, difficulté à respirer, déshydratation, fatigue du cœur et parfois décès. L’été 2003, lors de la canicule, 15 000 personnes sont décédées en 20 jours. Les canicules ne sont pas juste un été un peu plus chaud que l’on passe les pieds dans l’eau et une limonade à la main.

Autres phénomènes auxquels l’Homme n’est pas bien résistant sont les événements de grandes ampleurs. Les tempêtes, les inondations ou les sécheresses, font malheureusement des millions de victimes à travers le monde. La fréquence de ces catastrophes d’origine météorologique est en nette augmentation et les désastres touchent toutes les populations.

De manière plus insidieuse, le réchauffement climatique favorise aussi la prolifération de certaines maladies notamment tropicales comme le paludisme, la fièvre jaune ou bien encore le chikungunya. Au final le plus grand prédateur de l’Homme n’est pas le grand lion de la Savane mais bien le ridicule petit moustique. Premièrement il nous empêche de dormir et en plus il se permet de nous transmettre des maladies infectieuses aux lourdes conséquences sur notre santé.

Et notre alimentation dans tout ça, notre agriculture est-elle menacée ?

En France, les agriculteurs ont déjà remarqué les conséquences du réchauffement climatique sur les cultures. Un exemple très simple, c’est la date des moissons du blé qui s’avancent depuis 30 ans. L’élévation de la teneur en CO2 de l’air active la photosynthèse des végétaux et raccourci les cycles de vie des plantes. Les céréales sont mûres plus tôt ! Cela peut sembler profitable mais c’est sans compter les autres menaces qui pèsent sur le fonctionnement des agrosystèmes. Les agrosystèmes ne fournissent pas uniquement notre ressource alimentaire (céréales, légumes, fruits, viande, œufs…) Ils sont aussi source d’énergie (biocarburant, biogaz…), de textile (lin, coton…), de médicaments. Il faut donc le penser au sens large.

Les fortes températures réduisent les rendements, car ces coups de chaleurs bloquent la respiration et la photosynthèse des végétaux. Les plantes se mettent en état de stress thermique, elles ferment leurs stomates ce qui arrête leur croissance et le remplissage des grains, des fruits… Les épisodes de sécheresse en été bloquent la croissance des végétaux par le manque d’eau à absorber au niveau racinaire. On parle de stress hydrique. Quant aux fortes précipitations qui s’abattent brutalement au lieu d’être étalée dans le temps, elles détruisent les cultures en place et conduisent à l’érosion des sols. Cette érosion fait perdre au sol sa partie la plus riche en éléments minéraux et en matières organiques qui le rend si fertile.

La modification des rythmes des pluies saisonnières et le changement des températures, font aussi apparaitre de nouveaux ravageurs des cultures.  Les agriculteurs font face à ces insectes qui se développent plus rapidement ou à des maladies (champignons) qui profitent de ces conditions climatiques pour faire des dégâts sur les cultures. En France, les agriculteurs tentent chaque jour de trouver des solutions pour adapter leurs systèmes de cultures aux modifications du climat.

A certains endroits de la planète, même en France, la montée des eaux diminue la surface de terres fertiles. La désertification de certains territoires s’étend mais les besoins alimentaires de la population mondiale ne cessent de croître. Le risque : c’est la pénurie alimentaire. Dans les pays soumis aux plus fortes contraintes climatiques et n’ayant pas un système agricole solide et diversifié, cette pénurie alimentaire entraîne une fragilisation des populations avec le plus souvent l’apparition de tensions au sein du pays. Le réchauffement climatique menace donc aussi la sécurité alimentaire mondiale, généralement garante de la paix.

Marion Huré

Marion Huré

En partenariat avec Marion Huré, rédactrice et ingénieure en agriculture – qui marie les mots avec pédagogie et communication. Retrouvez Marion sur Linkedin et Instagram.

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