Il n’y a pas que les gènes dans la vie : y a les autres aussi !
On a tous entendu un jour cette phrase : « c’est le portrait craché de son père ! ». Alors oui, vous portez les gènes de papa et de maman, mais vous êtes aussi un individu unique qui ne va pas être défini seulement par sa génétique… ça vous rassure ?
En effet, la diversification des individus ne s’explique pas uniquement par des processus génétiques. Parfois il n’y a pas besoin de reproduction ou de transfères horizontaux de gènes pour observer une modification dans les caractéristiques d’un individu et de ce qui va constituer ainsi son phénotype (alias l’ensemble des caractères apparents). Allons voir cela de plus près…
Entre nous c’est la symbiose totale
Que ce soit dans le milieu animal ou végétal, de nombreuses associations entre individus permettent à chacun de développer une nouvelle capacité. C’est comme dans la vie comme dit le proverbe : « seul on va vite mais à deux on va plus loin ».
Des échanges positifs peuvent apparaitre lors d’une symbiose, c’est-à-dire l’association de deux organismes d’espèces différentes dont les bénéfices sont réciproques. Des symbioses, il en existe énormément. Il y a par exemple l’association des plantes de la famille des fabacées (haricot, trèfle, luzerne, lentilles…) avec une bactérie « Rhizobium » présente dans le sol. La plante lui offre « gîte et couvert » en la logeant et la nourrissant dans des nodules situés aux racines, et en échange, les bactéries captent l’azote de l’air pour le transformer en azote assimilable par la plante pour la nourrir. Les fabacées sont autonomes en nutrition azotée, pas besoin d’engrais azoté pour les cultiver. Voilà comment ces deux espèces différentes augmentent leur chance de survie. Les lichens sont aussi un bel exemple d’association entre un champignon et une bactérie qui leur permet de coloniser les milieux même les plus hostiles.
Un exemple de symbiose qui nous concerne directement c’est notre microbiote intestinal ! Nos milliards de bactéries qui colonisent nos intestins nous offrent une digestion optimale et renforcent nos défenses immunitaires. D’autres fonctions métaboliques et même le bon fonctionnement de notre système nerveux est influencé par notre flore bactérienne intestinale. En échange, nous leur offrons un espace de vie et au passage de notre digestion de quoi se nourrir. Or ces bactéries ne sont pas là par hasard. Elles sont acquises au cours de notre vie par différents contacts, les tous premiers étant l’accouchement et l’allaitement. En grandissant notre alimentation et notre milieu de vie construit progressivement notre microbiote bien à nous. Nous partageons même une partie du microbiote avec notre âme sœur : en amour on partage tout ! Et du coup, d’un individu à l’autre, le microbiote est différent ce qui nous rend unique et plus ou moins résistant face à un agent infectieux ou tout agent de stress aussi. Quand on vous dit que le ventre est notre deuxième cerveau, ce n’est pas pour rien !
Il existe aussi des associations qui ne sont pas donnant-donnant. Eh oui, y a toujours ceux qui savent profiter des autres dans ce monde. C’est le cas des relations entre un pathogène et son hôte : ce qu’on appelle le parasitisme. Le parasite profite de son hôte pour se reproduire, se nourrir et pour étendre sa dispersion. Malheureusement pour l’hôte, généralement il n’a rien à gagner et cette relation l’épuise.
Je te regarde et j’apprends
Dans les mécanismes de diversité du vivant, il y a également tous les comportements qui se transmettent entre individus. On parle bien ici de comportements qui ne sont pas innés dès la naissance mais de ceux que l’on acquiert au contact des autres. Demandez un peu à Papy de faire une story sur Instagram, vous verrez que ce n’est pas inné… va falloir lui apprendre et y passer un peu de temps ! Dans les mécanismes de transmission, deux schémas sont possibles.
- L’imitation entre individus d’une même génération : c’est la transmission horizontale. Chez les baleines, les nouvelles techniques de chasse se transmettent ainsi au sein d’un groupe de baleines du même âge. Les initiées apprennent aux autres et la technique se répand ainsi très vite dans l’Océan. C’est un peu comme au lycée, quand le prof de math est absent, la nouvelle se transmet très vite… Sauf que dans ce cas précis, le phénotype du lycéen n’a pas vraiment évolué… contrairement à celui de la baleine qui a développé une nouvelle capacité !
- La transmission verticale, elle, se fait d’une génération à une autre. L’utilisation des outils par les populations de chimpanzés se transmet des adultes au plus jeunes. S’il n’y a pas de transmission, les jeunes n’utiliseront pas d’outils et ce comportement se perdra. De même avec le langage, un bébé à qui l’on ne transmet pas les codes du langage « adulte » n’aura pas cette capacité plus tard.
Tout ça pour vous dire qu’il y a bien une hérédité au-delà des gènes. Et que toute la diversité du vivant s’opère d’une génération à une autre par l’ensemble de ces mécanismes biologiques et par la transmission culturelle, véritable moteur de l’évolution.
Et après mon bac ?
Ces notions vous intéressent et éveillent votre curiosité ? Parmis les métiers de l’Ingénieur agronome, elles sont indispensables pour exercer le métier « d’Ingénieur nutritionniste » par exemple. Connaître le fonctionnement du microbiote en symbiose avec notre organisme est nécessaire pour inventer l’alimentation de demain. Et pour un « Ingénieur en production animale », il en est de même. Optimiser l’alimentation des animaux d’élevage pour favoriser leur croissance et comprendre l’expression de leurs comportements pour identifier les meilleures conditions d’élevage, c’est primordial.
Pour en savoir plus, retrouvez le guide des métiers de l’ingénieur agronome !
En partenariat avec Marion Huré, rédactrice et ingénieure en agriculture – qui marie les mots avec pédagogie et humour. Retrouvez Marion sur Linkedin et Instagram.